Amélie Osmond, propriétaire du Château Le Clos du Notaire à Bourg-sur-Gironde, avec son époux Victor Mischler, nous a reçu afin de répondre à nos différentes questions.
Bonjour Amélie, Comment vous est venue cette passion pour la vigne ?
Amélie: La passion pour la vigne est venue complètement par hasard, à la suite d’un séjour dans le bordelais, mes racines sont réapparues, ma madeleine de Proust, avec ce bien-être dans les vignes, être plus proche de la nature. On s’est, aussi, dit que de faire pousser de la vigne, essayer de la domestiquer, être en phase avec la nature et finalement réussir à faire un produit fini, un produit noble de l’agriculture et être intervenant de A à Z, c’était gratifiant. Nous trouvons, également, cela extrêmement valorisant parce qu’il y a un peu toute notre hargne, notre ferveur, notre passion qui est dans une bouteille de vin. Et de savoir que nos bouteilles peuvent partir au 4 coins du monde et que des personnes, au Japon ou au Canada par exemple, quand ils tournent la bouteille ils voient Amélie et Victor c’est hyper gratifiant.
Combien d’hectare de vigne possède le domaine et combien de bouteilles produisez-vous par an ?
Amélie : Nous avons à peu près 21 hectares, en 3 îlots. L’ilot historique de 7 hectares qui est au niveau du château et les 2 autres îlots sont à moins de 3km. On a un potentiel de production de 140 000 bouteilles, suivant le millésime et les choix techniques, il est rare d’atteindre le plein rendement.
On après 3 terroirs qui sont relativement distincts, le terroir historique où là on est sur les carrières de calcaire surplombant la Dordogne, c’est juste idyllique pour la production du vin. Ensuite, à côté, de St Seurin de Bourg, on a 7 hectares qui sont plutôt sur des limons argilo-calcaires donc là on arrive à aboutir à des jolies maturités, les terroirs sont un peu moins frais qu’ici et avec des notes de fruits qui vont être un peu plus noires. Enfin, on a 7 hectares en haut de Bourg, le point culminant de Bourg où là on est sur des argiles rouges, du calcaire en sous-sol avec des alluvions rouges en surface, ça nous donne des jus qui sont très complexes et ça apporte une dimension supplémentaire. Les 3 terroirs sont très différents les uns des autres mais ils se complètent.
Pourquoi avoir décidé, en 2018, de vous orienter vers une agriculture biologique ?
Amélie :
La décision ne date pas de 2018, dès que nous sommes arrivés sur le Clos du Notaire, la propriété était déjà en lutte raisonnée et intégrée depuis près de 20 ans. L’ancien propriétaire mettait un point d’honneur à respecter les équilibres au niveau de la faune auxiliaire, traiter au minimum, pas d’insecticides de synthèse pour que la faune puisse gérer relativement elle-même les éventuels problèmes qu’il pouvait y avoir sur le vignoble.
A notre arrivée en 2015 il y avait déjà une bonne base, le domaine était déjà engagé dans le SME (système de management environnemental des vins de Bordeaux), avec à la clef la possibilité d’avoir la norme ISO 14001. On a commencé à s’équiper en 2015 et essayer de voir comment jauger les coûts de production, les temps de production car ce n’est pas le tout de s’engager dans une certification il fallait pour nous le faire le plus sereinement possible. Nous avons donc fait tout le travail en amont et en 2018 lorsque tout était calé on a contacté Ecocert pour la demande de conversion. On obtiendra le label bio en 2021. Nous avions tous les 2 des expériences de stage dans des propriétés AB et c’était une évidence pour nous.
Notre projet a évolué depuis 2018 car on est maintenant de plus en plus enclin à travailler sur la biodiversité du vignoble, à modifier les pratiques qui se font depuis des dizaines d’années. Nous sommes également moins interventionnistes sur le travail du sol afin de privilégier les équilibres et ne pas trop bouleverser les horizons.(les vers de terre doivent rester à leur place pour respecter la chaîne de décomposition des déchets organiques par exemple).
Vous proposez à la vente 2 gammes de vins « Les Vins de Bordeaux » « Les Borderlines », pourquoi avoir fait ce choix ?
Amélie: Avec la gamme « Les Grands vins de Bordeaux » nous sommes vraiment dans les codes typiques bordelais, il s’agit de vins d’assemblages, majorité de Merlot pour le Clos du Notaire, on est sur un vin typique des Côtes de Bourg (AOC). Pour Notaris c’est une majorité de Cabernet franc, c’est un peu original par rapport à l’appellation pour autant on garde les mêmes codes d’assemblages et d’élevages en fût de chêne. Nous travaillons ces 2 vins de façon assez moderne avec, par exemple, des tanins bien souples en final.
Est-ce pour toucher un public plus large ?
Je me suis rendue compte que la tendance actuelle, qui se dégageait, au niveau de la consommation du vin était différente. On veut des vins fruités, facile à boire, on aime savoir que c’est un mono cépage, on veut qu’il n’y ait pas de bois, que de la cuve inox car on veut que ça soit festif, un peu vin de copains. Je me suis dit qu’on pouvait proposer des mono cépages même si on était à Bordeaux.
Les « Borderlines » répondent à des codes un peu plus actuels au niveau de la consommation, Il y a l’Usufruit (un vin fruité, 100% Merlot, cuve inox). On a créé un autre qui s’appelle le Sans Souffre, car ça aussi c’est tendance et dans l’air du temps puis surtout un vin sans souffre a beaucoup plus de couleurs et une profondeur aromatique qui est plus importante. Puis on a sorti un 100% Malbec car on a la chance, en Côtes de Bourg, nous avons 4 cépages principaux et de ce fait si je veux faire un 100% Malbec j’ai le droit. Nos Malbec sont sur des carrières calcaires donc on a des belles maturités et surtout une belle fraicheur en final, ce qui fait que c’est un Malbec complètement différent que ce qu’on peut voir à Cahors ou au Chili.
Il apparait que la consommation de vin a changé, que recherche aujourd’hui, selon vous, le consommateur, est-ce qu’il y a une tendance ?
Amélie: C’est curieux parce que la tendance générale ce sont les vins fruités on veut des vins faciles à boire comme l’Usufruit, le Sans Souffre. Lorsqu’on présente à la dégustation un verre d’assemblage qui est un petit peu boisé les gens adorent. Je me demande donc si le côté fruité ce n’est pas une tendance mise en place par les médias mais par la grande majorité des personnes ont été élevé avec les Bordeaux.
Vous proposez une visite du domaine suivi d’une dégustation accord mets/vins, est-ce que vous cherchez à développer l’œnotourisme ou cela reste-t-il une activité mineure ?
Amélie : Pour le moment c’est une activité mineure, j’adorerais faire ça tous les jours. A Bourg-sur-Gironde nous avons la chance d’avoir un voisin qui est fromager affineur, on a un traiteur charcutier qui fait tout lui-même et on a 2 chocolatiers. Du coup j’aime associer une ganache ou un chocolat noir fourré à la cerise ou au gingembre avec des vins, j’aime bien bouleverser les codes.
L’œnotourisme pour le moment c’est anecdotique mais justement avec notre projet de gîte je vais vraiment accès le développement.
Quel est l’accord met/vin que vous préférez ?
Amélie : J’adore faire un tatin de canard avec des pommes caramélisées dans le fond, des cuisses de canard que j’émince et cuisine avec des oignons, carottes, céleris, quelques épices et avec une pâte au choix puis au four. A déguster avec une salade et un verre de Notaris ou le Malbec.
Retrouvez toutes les informations sur leur site internet et rendez-vous le 8 et 9 mai pour les portes ouvertes des vignobles de Bourg-sur-Gironde.
En attendant restez chez vous #StayHome